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Résumé

  • Des représentants de communautés chrétiennes et musulmanes intentent une action en justice contre la fermeture des lieux de culte imposée par le gouvernement.
  • Le dossier s’inscrit dans une tendance internationale de restrictions covid-19 discriminatoires envers les croyants.

KAMPALA (le 5 août 2021) – Une église de Kampala et un représentant de la communauté musulmane ont entamé une procédure judiciaire pour contester l’interdiction des actes de culte en public, mise en place par le gouvernement ougandais après l’annonce, vendredi, de nouvelles mesures de confinement dans le pays. Les nouvelles règles permettent aux centres commerciaux, galeries marchandes et centres d’affaires d’ouvrir leurs portes, ainsi qu’aux transports en commun de reprendre leurs activités en se limitant à 50% de leur capacité, tandis que l’accès aux lieux de culte demeure, quant à lui, strictement interdit.

« En tant que croyante, il m’est difficile de voir ma communauté être privée de l’accès au culte public, à l’heure où elle en a le plus besoin. En ces temps très durs pour notre pays, le gouvernement doit se souvenir que nous n’avons pas seulement des besoins physiques, mais aussi des besoins spirituels. Je suis heureuse d’être aux côtés de mon église, soutenue par ADF International, pour contester cette restriction disproportionnée, draconienne et inutile de la liberté de culte » confie Agnes Namaganda, membre de l’église chrétienne soutenant l’action en justice.

« Pour les croyants, la pratique religieuse en public avec d’autres croyants est aussi essentielle que l’eau et la nourriture. Les règles actuelles permettent à ceux qui aiment faire du shopping d’aller au centre commercial, et à ceux qui veulent manger dehors d’aller au restaurant. Mais ceux qui veulent pratiquer leur religion ne peuvent aller nulle part, car tous les lieux de culte sont fermés. Pourquoi les croyants seraient-ils plus contagieux que les autres ? En ce moment, il est évidemment essentiel de maintenir la santé publique. Mais cela peut et doit se faire en respectant le droit de se rassembler pour prier ensemble » ajoute Imaam Bbaale Muhammed, qui a rejoint l’action en justice contre l’interdiction imposée par le gouvernement.

Des mesures discriminatoires tout au long de la pandémie

Les restrictions à la liberté de culte annoncées le 30 juillet resteront en vigueur pendant au moins 60 jours avant d’être évaluées. Elles s’inscrivent dans une année où les plaignants ont noté plusieurs exemples de traitement discriminatoire à l’encontre des communautés de croyants.

« La liberté de culte et de religion constitue un droit humain fondamental. La liberté de manifester sa foi en public fait partie intégrante de ce droit, qui est protégé par la loi ougandaise et par des traités internationaux. Il ne devrait être limité que dans la mesure du strict nécessaire et pour une raison légitime, de manière proportionnée et non discriminatoire. A plusieurs reprises, nous avons vu que de telles interdictions générales du culte ont été jugées illégales, autant en Europe qu’aux États-Unis et en Amérique latine », déclare Sean Nelson, Conseiller juridique chargé de la Liberté religieuse internationale auprès d’ADF International.

Lors du déconfinement partiel, en juin 2020, les lieux de culte n’ont pas eu le droit de rouvrir leurs portes comme d’autres lieux publics similaires. En revanche, ils ont dû attendre deux mois de plus avant que des concertations entre le ministère de la Santé et le Conseil interreligieux puissent enfin avoir lieu.

Lorsque les portes des églises, mosquées, synagogues et autres bâtiments religieux ont finalement pu ouvrir au mois d’août 2020, le gouvernement a imposé des procédures de fonctionnement bien plus exigeantes à ces lieux de culte que celles applicables aux espaces commerciaux ou à d’autres lieux publics. Ainsi, une équipe de personnel médical formé devait assister à chaque service, et les communautés de croyants devaient prévoir des agents de sécurité chargés de faire respecter la distance entre les personnes faisant la queue pour le contrôle de température obligatoire avant d’entrer.

Sean Nelson ajoute : « Les croyants ne sont pas plus contagieux que les autres citoyens. Il n’y a aucune raison valable pour maintenir fermée une grande église bien aérée, alors que les galeries commerciales sont ouvertes. Il n’y a aucune raison valable pour imposer des procédures de fonctionnement plus strictes aux groupes de croyants qu’aux commerçants, ce qui s’est pourtant fait tout au long de cette année. Maintenant, les croyants se réunissent pour exiger que leurs droits soient protégés en Ouganda. Le gouvernement doit trouver le moyen de protéger la santé publique tout en respectant le droit de pratiquer sa foi en commun, avec d’autres ».

Une tendance internationale : les interdictions de culte disproportionnées déclarées « illégales »

ADF International, organisation de protection des droits de l’homme, a soutenu des actions en justice similaires contre des interdictions de culte générales dans différents pays d’Europe et d’Amérique latine.

Au mois de mars, le plus haut tribunal civil de l’Écosse a déclaré illégale une interdiction générale de culte en public. La plainte avait été introduite par 27 responsables religieux et un prêtre de Glasgow, le chanoine Tom White. Le tribunal écossais a confirmé que toute restriction des libertés fondamentales doit être nécessaire et proportionnée. En novembre 2020, les conseillers en chef en matière médicale et scientifique de Westminster avaient admis que les preuves censées justifier la fermeture des églises étaient au mieux « anecdotiques » et, en réalité, « non fondées scientifiquement ».

Un jour après que le tribunal écossais se soit prononcé, la cour suprême du Chili a jugé à son tour, et à l’unanimité, que les restrictions liées au covid-19 avaient été appliquées d’une façon discriminatoire contre les croyants au Chili. Ce jugement, particulièrement important, confirme que la liberté religieuse est un droit de l’homme et ne peut pas simplement être suspendue.

De même, une action en justice est en cours en Irlande où, pendant plus d’un an, des croyants ont risqué des poursuites judiciaires et des peines allant d’une amende à six mois de prison, s’ils osaient se rendre dans un lieu de culte. Pour en savoir plus, rendez-vous sur www.letusworship.global/ireland.

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